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LE CHATEAU-FORT
Montmorency - Mons Maurentiacus, Mons Morentius - apparaît
dans les textes en 996, quand Robert II le Pieux (996-1031) cède le castrum à
Bouchard le Barbu († 1020) pour le dédommager de la perte de sa forteresse du
Chastellier dans l’îsle de Saint-Denis. Le lieu-dit Château-Gaillard correspond
peut-être à cette première fortification. Le château féodal, construit en
pierre au XIIe siècle, s’élève plus au sud, sur un éperon dominant le vallon de
la fontaine Saint-Valéry. À l’exception de la base
d’une tour du castrum (située en terrain privé, au 13 rue de l’Eglise), il ne
reste plus aucun vestige tangible du château seigneurial des Montmorency. Seule
une vaste terrasse exhaussée et bien visible, occupée par le lycée
d’enseignement professionnel Turgot, témoigne de l’importance qu’a pu avoir
cette forteresse au Moyen Âge. Côté archives, les documents les plus anciens
relatifs au château féodal ont disparu, probablement lors de son saccage vers
le milieu du XIVe siècle. Situé à 114 m d’altitude, sur les hauteurs qui dominent au
loin la capitale, surplombant la Vallée éponyme d’une bonne soixantaine de
mètres, commandant un couloir de circulation entre la vallée de la Seine et
celle de l’Oise, protégé par une épaisse forêt au nord, le Montmorency médiéval
constitue un remarquable site stratégique naturel, un poste d’observation idéal
au milieu d’un relief tourmenté, alternant, à l’origine, buttes et ravines. Il
n’existe aucun village à cet endroit lorsqu’on édifie, sans doute dans le
courant du IXe siècle, la fortification primitive, probablement une motte
castrale. Elle fait alors partie d’un vaste réseau défensif et constitue avec
celles de l’Isle-Adam, d’Asnières-sur-Oise, Viarmes, Saint-Martin-du-Tertre, Baillet-en-France,
Villiers-le-Bel, Sarcelles, Luzarches et Gonesse entre autres, une ligne de
surveillance assez homogène en avant de la capitale dont elle contrôle au nord,
nord-ouest les principaux accès terrestres. Le lieu
apparaît pour la première fois dans un acte daté de l’extrême fin du Xe siècle.
Bien qu’il s’agisse d’un faux, les historiens s’accordent à reconnaître qu’il
est inspiré de plusieurs actes authentiques. On y apprend que, pour mettre fin
aux démêlés d’un turbulent féodal local, nommé Bouchard-le-Barbu, avec l’abbaye
de Saint-Denis, le roi de France lui concède les fortifications de Montmorency,
à charge pour lui d’en relever les ruines. Ce petit seigneur francilien voit là
l’opportunité de se constituer un domaine. Il s’empresse d’exécuter ses
obligations et transforme l’ancienne motte castrale en un véritable château
fort, dont il fera sa résidence et qui sera à l’origine de la cité. Une petite
bourgade voit en effet le jour et, très tôt, elle est close de murs. Mais le
château n’occupe pas la position stratégique idéale. Après un méplat d’environ
80 m, il est dominé au nord par une hauteur qui le surplombe d’une dizaine de
mètres. Ce « belvédère » (au lieu-dit Château-Gaillard) sera fermé par le mur
d’enceinte de la cité. La construction de ce château a nécessité des
aménagements considérables pour l’époque, au premier rang desquels la levée
d’un tertre artificiel, destiné à corriger l’effet de pente et constituer une
plate-forme sub-circulaire de 90 mètres de diamètre environ pour une hauteur de
près de 10 m dans sa partie la plus élevée. Cette réalisation, effectuée sur un
sol majoritairement sableux, nécessite l’édification, sur les trois-quarts de
sa circonférence, de puissants murs en pierre meulière. Ces murs supportent les
courtines et les tours du château. Il ne paraît pas avoir été ceint de fossés.
L’entrée de l’édifice se fait à l’intérieur de la ville, place-au-Pain. On
traverse une vaste basse-cour avant d’atteindre les bâtiments du château
proprement dits, élevés à l’opposé de l’entrée et adossés à la courtine ouest
dont la tour d’angle fait office de donjon. Sur la face nord, donnant sur la
ville, un second mur défensif sera ajouté ultérieurement à la construction
primitive afin de former une petite plateforme en contrebas du mur d’enceinte.
Cette avancée est appelée « fausses-brayes » dans les actes des XVIe et XVIIe
siècles, sans qu’on sache si cette appellation a été donnée par analogie ou
témoigne réellement de l’existence d’un « boulevard d’artillerie ». À l’ouest,
sur une autre plate-forme ménagée en contrebas et à l’extérieur de l’enceinte,
les Montmorency font élever vers 1130 la première collégiale Saint-Martin.
LES REPRESENTATIONS
Il existe une seule représentation figurée de ce qui subsiste du château avant sa disparition complète. Sur un dessin aquarellé, daté de 1708, on y voit deux tours accolées, l’une ronde, l’autre quadrangulaire, entourées par des pans de murs ruinés (probablement vestiges du mur d’enceinte). C’est la seule partie du château restaurée par le connétable Anne de Montmorency au début du XVIe siècle, en raison de sa haute valeur symbolique. Au pied de ces tours, un grand édifice rectiligne, le mur gouttereau percé d’ouvertures en forme de meurtrières, est connu sous le nom de « bastiment des voustes ». Il s’agit du cellier seigneurial, où l’on entrepose les vins récoltés sur les terres des sires du lieu. Une légende tenace voudrait que le château soit également représenté sur l’un des vitraux Renaissance de la collégiale Saint-Martin.