Sur cette aquarelle est visible une motte surmontée d'un donjon circulaire auquel est accolé un donjon quadrangulaire (probablement carré) de style roman (XI-XIIe s.).
A ce jour la motte a été rabotée, et seule la partie ou est implantée la tour carrée est conservée. Ce donjon circulaire, d'un diamètre d'environ 15 mètres, doit conserver des fondations sûrement assez profondes sous le chemin reliant les classes du lycée aux restes de la motte castrale.
Il nous semble évident que par l'ampleur et le lieu des travaux d'aménagements (qui doivent débuter début Juillet 2010), nous allons tomber sur les vestiges du donjon circulaire, le chemin actuel étant construit sur une partie de la motte sommitale rabotée à cette occasion.
Cette vue aquarellée a été prise depuis la haute-cours du château (terrassement actuel). Au pied, nous distinguons un long bâtiment qui pourrait correspondre à un casernement.
Plate-forme sommitale du donjon "roman"
Nous discernons les soubassements des deux murs en équerre d'environ 10 mètres de côté chacun, d'une épaisseur intéressante (plus d'un mètre). Il s'agit sans aucun doute des vestiges du donjon roman. Une salle basse existerait encore sous la plateforme sommitale.
Bâtiments adjacents (propriétés privées rue de l'Eglise)
En contrebas de cette plateforme, vers la ville, nous distinguons les vestiges d'une tour ou contrefort vide, ainsi que ceux d'une tour circulaire dans une propriété privée.
Cave "vigneronne" (poterne du château ?)
Il s'agit d'une entrée de cave, qui pourrait correspondre à une poterne, aujourd'hui remblayée. Elle est entourée par deux contreforts.
"Ce message afin d'avoir plus d'informations sur ce qui
est prévu à Montmorency dès la fin du mois de Juin et durant toutes la période
estivale. Nous nous efforçons de communiquer le fait que nous ne sommes que des
"passionnés" et que nous ne voulons aucunement nous substituer aux
archéologues professionnels. Il s'avère que beaucoup de gens sont sceptiques
sur ce point... à nous de démontrer le contraire. Encore une fois, nous ne
souhaitons "surveiller" que la partie des travaux se déroulant sur le
site de l'ancien donjon roman, qui devait avoir un pendant plus tardif
(peut-être un donjon de type circulaire Philippien). Des constructions sont
prévues sur cet emplacement. Elles ne devraient pas atteindre la plateforme
"herbeuse" des structures romanes... mais toucher logiquement des
stuctures plus tardives (XIIIe siècle ?). Pouvez-vous nous aider à
"surveiller" (si c'est bien le mot approprié) ce qui se fera
prochainement ? Avez-vous notamment les dates de travaux ?"
I.CAILLOT
"Nous commençons la fouille sur la terrasse médiane à
partir du 5 juillet jusqu'à la fin du mois. Concernant la terrasse haute, nous
n'intervenons pas (impossible sans temps ni autorisation), et je doute vraiment
de l'utilité d'une surveillance puisque les travaux ne sont pas censés toucher
les niveaux archéologiques. Pour ce qui est des caves, il s'agissait juste de
voir et prendre des photos avant les hypothétiques injections de celles-ci (au
cas par cas) pour le moment nous n'avons vu que trois ensembles dont deux sont
clairement post-médiéval, l'une d'elles semble plus ancienne (13 rue de
l'Eglise) et se prolonge plus loin sous la plate-forme castrale, mais les
remaniements importants et les coffrages n'ont pas permis d'identification
poussée. Enfin, l'effondrement de celle située au 15 rue de l'église nous a
permis de constater qu'elle était maçonnée dans le substrat (sable) et non pas
dans des remblais. Pour ce qui est de la terrasse basse déjà fouillée, nous
pouvons désormais affirmer qu'il ne s'agit pas de la basse-cour, mais d'un
quartier d'habitations médiévales des XIII-XIVs et XVIs."
"Des travaux sont prévus cet été à
l'emplacement du donjon roman "millénaire" des Barons de Montmorency,
Connétables de France, et des structures plus récentes adjacentes à cet édifice
pouvant remonter aux XII-XIIIe siècles (donjon circulaire "Philippien"
notamment). Nous pensons que cet ensemble pourrait souffrir des travaux
programmés. Préserver à tout prix ce site et ces monuments, peut être les plus
importants et méconnus de notre département, et pourtant maintes fois étudiés,
c'est le souhait de notre association. C'est pour cela que nous souhaiterions
assurer la surveillance du site pendant ces travaux estivaux. Vous avez, il
nous semble, la possibilité de valider notre demande au niveau Régional."
J-M.GOUEDO
"Votre souhait d'intervenir dans le château
fort / Lycée Turgot de Montmorency n'est pas opportun car la DRAC / SRA suit le
dossier de travaux et un opérateur d'archéologie préventive travaille sur le
site depuis le début de l'année."
FORTERESSES
"Après avoir discuté avec les membres de
l'organisme EVEHA (concernant les fouilles de l'ancienne basse-cour du
château), nous nous sommes aperçus que rien n'avait été prévu par les services
archéologiques dans la zone de la haute cour. Nous avons redécouvert par hasard
les vestiges du donjon carré et appris par la même occasion que des travaux de
bâtiment sont prévus dans cette zone pendant l'été. Nous en avons parlé à
l'organisme EVEHA, qui n'avait aucune demande d'intervention dans cette zone et
elle nous a demandé de faire une demande auprès des services compétents pour
que "l'association Forteresses" puisse surveiller ces travaux. Il
faut noter qu'une fois ces travaux réalisés (en lieu et place du donjon
circulaire), on n'aura plus d'accès aux vestiges du donjon carré. Nous trouvons
dommage que rien n'ai été fait pour fouiller cette zone. Serait-il possible de
dégager le donjon carré (dont les soubassements sont encore visibles) avant que
l'accès ne soit plus possible ?"
J-M.GOUEDO
"Tout d'abord nous connaissons depuis
longtemps le plan ancien qui vous sert de base de réflexion pour recaler le
donjon et autres tours. Sa fiabilité sur certains points pose question : sur
quoi repose t-il : plan perdu, hypothèse d'érudit, un mélange des deux
cas ? D'autre part, à moins qu'il y ait d'importants changements par
rapport à ce que nous avons comme détails du projet, les travaux prévus par
l'aménageur ont une faible atteinte au sous-sol sur la haute terrasse et l'on
sait par les sondages archéologiques que le terrain a été remblayé et que les
vestiges médiévaux sont à plus d' 1 mètre de profondeur (à 1,30 m je crois me
souvenir). Les travaux ne menacent donc pas en principe les vestiges. Pour
finir, vous ne pouvez pas intervenir sur un site sur lequel il y a de
l'archéologie préventive car vous n'êtes pas opérateur agréé."
FORTERESSES
"Nous ne voulons pas nous substituer aux
archéologues professionnels, ni faire de polémique, mais juste faire de la
surveillance à titre gracieux (juste du visuel). Et si comme on peut l'espérer,
les travaux découvrent les restes du donjon ou autre, on vous prévient (DRAC,
INRAP et EVEHA) pour que vous puissiez agir (fouilles ou autre). Une fois les
travaux réalisés, on ne pourra plus accéder à la plate-forme sommitale où est
situé le donjon carré dont les traces au sol sont visibles. Les travaux
occupent la zone entre le bâtiment des classes actuelles et l'amorce de la
plate-forme sommitale, donc dans une zone ou on est inférieur de 2 mètres
environ à cette plate-forme.
J-M.GOUEDO
"Je connais bien les lieux et il n'y a
aucune trace au sol du "donjon carré" ni d'aucune maçonnerie ancienne
d'ailleurs. Le petit escalier et le muret attenant n'appartiennent pas au
"donjon carré" mais sont de la 2e moitié du 20e siècle. L'aménageur a
travaillé pendant plusieurs années avec nous pour réduire l'impact de son
projet sur les vestiges archéologiques et a modulé son projet en conséquence à
la suite de quatre diagnostics. Le résultat en est un faible impact au sol sur
la terrasse haute et un fort impact au sol sur les terrasses médiane et basse.
C'est pour cela que ces deux terrasses basse et médiane ont fait l'objet de
prescription de fouille préventive dont la réalisation est en cours et pas
celle de la terrasse haute. Je vous assure que le "carré" de
pelouse" de la terrasse haute n'est pas menacé par le projet. On n'ira pas
voir ce qu'il recèle et il n'y a aucune raison pour qu'il y ait des découvertes
dans ce "carré" de pelouse qui restera en zone végétale. Cette
zone, actuellement en pelouse, surélevée par rapport au niveau du gymnase et du
bâtiment de salles de classe et à l'allée en asphalte n'est pas menacée par le
projet de travaux. Il n'y a donc aucune raison pour que vous interveniez sur ce
lieu."
"Nous
recherchons des informations sur l'ancien donjon roman des Connétables
de Montmorency (XI-XIIe siècles) dit "Tour Trompette" dans les textes,
situé sur la motte castrale (Lycée Professionnel). Pourrait-il s'agir
des vestiges visibles rue de la Charrette et ceux proches de la
Basilique ?"
F.CHAIRON
"Aujourd'hui, il ne reste plus
rien de cet édifice, hormis l'emplacement du tertre sur lequel il était érigé. Seul
l'arasement d'une tour subsiste dans la cour d'une propriété privée. Il n'existe
qu'une représentation de ce qui restait du château en 1708, la fameuse "Tour
Trompette" à laquelle vous faites allusion."
"Nous recherchons des informations sur l'ancien donjon roman des
Connétables de Montmorency (XI-XIIe siècles) dans
les textes, situé sur la motte castrale (Lycée Professionnel).
Pourrait-il s'agir des vestiges visibles rue de la Charrette et ceux
proches de la Basilique ?"
M.RIVAL
"Je peux vous confirmer que les vestiges de la motte féodale se
situent bien au chevet de la Collégiale Saint-Martin. Cependant les quelques
éléments architecturaux visibles rue de la Charrette sont ceux d’anciennes
caves vigneronnes et ceux du château. Le donjon du château n’a été démoli qu’à
la Révolution et est représenté sur un dessin aquarellé date de 1708 conservé à
la Bibliothèque Nationale."
"Nous recherchons
des informations sur l'ancien donjon roman de Montmorency (XI-XIIe
siècles) dit Tour Trompette dans les textes, situé sur la
motte castrale (Lycée Professionnel). Pourrait-il s'agir des vestiges
visibles rue de la Charrette et ceux proches de la Basilique ?"
G.DUCOEUR
"Concernant le castrum de Montmorency, à l'exception de
la base d'une tour, située (en domaine privé) au 13 rue de l'église, il ne
reste aucun vestige tangible du château des seigneurs de Montmorency. Seule une
vaste terrasse exhaussée et bien visible, occupée par le lycée d'enseignement
professionnel témoigne de l'importance que dut avoir cette forteresse au Moyen
Âge. Côtés archives, les documents les plus anciens relatifs au château
disparurent probablement lors de son saccage vers le milieu du XIVe
siècle. J'ai dirigé une fouille sur l'enceinte du castellum (qui avait 5 portes), place du
Château-Gaillard, en 1990-1991. Il y a
bien eu une motte féodale, mise en place vers 996-998, sur
l'ensemble du site du château, mais ce que vous citez avec le lycée
professionnel n'est sans doute que la
basse-cour du castrum.
Toutes les fouilles anciennes (c. 1948) et récentes jusqu'à ce jour
(1991-2010), sont restées veines (même en descendant à 8 / 10 m de profondeur,
aucun vestige du château médiéval n'a été atteint !!! C'est donc encore une
énigme non résolue pour les archéologues."
FORTERESSES
"Pour
commenter vos propos (il ne reste aucun vestige tangible du château des
seigneurs de Montmorency). Qu'entendez vous par tangible ? que ces vestiges ne
sont pas datables en l'état ?"
G.DUCOEUR
"Suite
votre demande de ce jour, lorsque je vous ai indiqué : " il ne reste aucun
vestige tangible du château des seigneurs de Montmorency", ce n'est qu'un
constat (et je ne suis pas le seul à dire cela), il y a bien en effet quelques
éléments d'enceintes aussi bien du castrum
que du castellum qui enserrait
la ville au XIIe siècle, mais ces vestiges ne sont pas datables en l'état. Les vestiges subsistants de l'ancien château de
Montmorency se résument aujourd'hui à quelques maçonneries encore visibles et à
la base d'un ouvrage de flanquement qui jouxtait probablement la partie
résidentielle des constructions seigneuriales. A ces vestiges qui appartiennent
sans doute au XIIIe siècle (tour de flanquement) et au XVIe siècle (vestiges du
cellier seigneurial, dit "bâtiment des voûtes"), on peut ajouter les
découvertes réalisées en 1873 (base de tour de 6/7 m de diamètre) à proximité
de la collégiale Saint-Martin qui évoquent des architectures médiévales
(flanquements?, poterne?)". Le
château médiéval, avec son donjon (des "Mathieu" des XIIe-XIIIe
siècles), dont vous parlez a été ruiné complètement suite aux assauts anglais
de 1356. La Jacquerie de 1358, entraîna sans doute l'abandon définitif du site
qui ne repris qu'une fonction symbolique à partir du XVIe siècle. De même, les
remparts du castellum qui enserraient la ville ont été reconstruits en
1411."
FORTERESSES
"Que pensez-vous des vestiges rue de la Charette ?"
G.DUCOEUR
"Il s'agit d'une entrée en caillasse-meulière compacte et plâtre obturée,
sans doute d'un cellier ou cave, tardi-médiéval à moderne, d'une maison démolie
de la rue de La Charette (parking de la résidence Jeanne d'Arc). Ces celliers
ont souvent été creusés dans l'épaisseur des remparts (comme dans toute la
ville), nous en avons trouvé un exemple en 1990-1991 sur le site
du Château-Gaillard, datant du XVIIe siècle, on utilisait le moindre pouce
de terrain disponible et surtout gratuit."
"Nous
sommes intrigués par des vestiges situés rue de la Charette. Pouvez vous nous en dire plus ?"
J-C-LEFEBVRE
"Il ne reste aucun vestige apparent du château
fort des Montmorency, le donjon qui subsistait a été démoli au XVIIe siècle.
Seuls des restes des anciennes fortifications du bourg sont visibles en
quelques endroits, comme rue Saint-Jean ou dans les jardins de l’Observance. Si
des vestiges sont visibles rue de la Charrette, ils se trouvent effectivement à
proximité de la motte castrale. Mais sans plan de l’édifice et sans référence
au niveau d’origine, il me paraît bien hasardeux de risquer une hypothèse."
FORTERESSES
"Les vestiges que nous vous mentionnions sont
situés sur le pourtour de la Motte castrale. La Forteresse fût détruite en
1358, puis de nouveau en 1381. Plus tard, en 1411, les fortifications de la
cité seront relevées, suivant les standards de l'époque. Mais que reste t-il
alors de la forteresse initiale de Montmorency ?"
J-C-LEFEBVRE
"Il ne reste à ma
connaissance aucun vestige hors sol, du château des Montmorency."
Montmorency - Mons Maurentiacus, Mons Morentius - apparaît
dans les textes en 996, quand Robert II le Pieux (996-1031) cède le castrum à
Bouchard le Barbu († 1020) pour le dédommager de la perte de sa forteresse du
Chastellier dans l’îsle de Saint-Denis. Le lieu-dit Château-Gaillard correspond
peut-être à cette première fortification. Le château féodal, construit en
pierre au XIIe siècle, s’élève plus au sud, sur un éperon dominant le vallon de
la fontaine Saint-Valéry. À l’exception de la base
d’une tour du castrum (située en terrain privé, au 13 rue de l’Eglise), il ne
reste plus aucun vestige tangible du château seigneurial des Montmorency. Seule
une vaste terrasse exhaussée et bien visible, occupée par le lycée
d’enseignement professionnel Turgot, témoigne de l’importance qu’a pu avoir
cette forteresse au Moyen Âge. Côté archives, les documents les plus anciens
relatifs au château féodal ont disparu, probablement lors de son saccage vers
le milieu du XIVe siècle. Situé à 114 m d’altitude, sur les hauteurs qui dominent au
loin la capitale, surplombant la Vallée éponyme d’une bonne soixantaine de
mètres, commandant un couloir de circulation entre la vallée de la Seine et
celle de l’Oise, protégé par une épaisse forêt au nord, le Montmorency médiéval
constitue un remarquable site stratégique naturel, un poste d’observation idéal
au milieu d’un relief tourmenté, alternant, à l’origine, buttes et ravines. Il
n’existe aucun village à cet endroit lorsqu’on édifie, sans doute dans le
courant du IXe siècle, la fortification primitive, probablement une motte
castrale. Elle fait alors partie d’un vaste réseau défensif et constitue avec
celles de l’Isle-Adam, d’Asnières-sur-Oise, Viarmes, Saint-Martin-du-Tertre, Baillet-en-France,
Villiers-le-Bel, Sarcelles, Luzarches et Gonesse entre autres, une ligne de
surveillance assez homogène en avant de la capitale dont elle contrôle au nord,
nord-ouest les principaux accès terrestres. Le lieu
apparaît pour la première fois dans un acte daté de l’extrême fin du Xe siècle.
Bien qu’il s’agisse d’un faux, les historiens s’accordent à reconnaître qu’il
est inspiré de plusieurs actes authentiques. On y apprend que, pour mettre fin
aux démêlés d’un turbulent féodal local, nommé Bouchard-le-Barbu, avec l’abbaye
de Saint-Denis, le roi de France lui concède les fortifications de Montmorency,
à charge pour lui d’en relever les ruines. Ce petit seigneur francilien voit là
l’opportunité de se constituer un domaine. Il s’empresse d’exécuter ses
obligations et transforme l’ancienne motte castrale en un véritable château
fort, dont il fera sa résidence et qui sera à l’origine de la cité. Une petite
bourgade voit en effet le jour et, très tôt, elle est close de murs. Mais le
château n’occupe pas la position stratégique idéale. Après un méplat d’environ
80 m, il est dominé au nord par une hauteur qui le surplombe d’une dizaine de
mètres. Ce « belvédère » (au lieu-dit Château-Gaillard) sera fermé par le mur
d’enceinte de la cité. La construction de ce château a nécessité des
aménagements considérables pour l’époque, au premier rang desquels la levée
d’un tertre artificiel, destiné à corriger l’effet de pente et constituer une
plate-forme sub-circulaire de 90 mètres de diamètre environ pour une hauteur de
près de 10 m dans sa partie la plus élevée. Cette réalisation, effectuée sur un
sol majoritairement sableux, nécessite l’édification, sur les trois-quarts de
sa circonférence, de puissants murs en pierre meulière. Ces murs supportent les
courtines et les tours du château. Il ne paraît pas avoir été ceint de fossés.
L’entrée de l’édifice se fait à l’intérieur de la ville, place-au-Pain. On
traverse une vaste basse-cour avant d’atteindre les bâtiments du château
proprement dits, élevés à l’opposé de l’entrée et adossés à la courtine ouest
dont la tour d’angle fait office de donjon. Sur la face nord, donnant sur la
ville, un second mur défensif sera ajouté ultérieurement à la construction
primitive afin de former une petite plateforme en contrebas du mur d’enceinte.
Cette avancée est appelée « fausses-brayes » dans les actes des XVIe et XVIIe
siècles, sans qu’on sache si cette appellation a été donnée par analogie ou
témoigne réellement de l’existence d’un « boulevard d’artillerie ». À l’ouest,
sur une autre plate-forme ménagée en contrebas et à l’extérieur de l’enceinte,
les Montmorency font élever vers 1130 la première collégiale Saint-Martin.
LES REPRESENTATIONS
Il existe une seule représentation figurée de ce qui
subsiste du château avant sa disparition complète. Sur un dessin aquarellé,
daté de 1708, on y voit deux tours accolées, l’une ronde, l’autre
quadrangulaire, entourées par des pans de murs ruinés (probablement vestiges du
mur d’enceinte). C’est la seule partie du château restaurée par le connétable
Anne de Montmorency au début du XVIe siècle, en raison de sa haute valeur
symbolique. Au pied de ces tours, un grand édifice rectiligne, le mur
gouttereau percé d’ouvertures en forme de meurtrières, est connu sous le nom de
« bastiment des voustes ». Il s’agit du cellier seigneurial, où l’on entrepose
les vins récoltés sur les terres des sires du lieu. Une légende tenace voudrait
que le château soit également représenté sur l’un des vitraux Renaissance de la
collégiale Saint-Martin.
L’Institut National de recherches archéologiques préventives (INRAP) a
procédé à des sondages avant les travaux de rénovation du Lycée Turgot,
installé dans un ancien parc. Deux fossés, un mur de bâtiment et un four datés de la fin du
Moyen Âge au début de l’époque moderne sont à mettre en
relation avec l’ancien château seigneurial. Ruiné au milieu
du XIVe siècle, il fut partiellement reconstruit au XVIe siècle. Au
XVIIIe siècle, des jardins et un parc s’étendaient à son
emplacement. Ces quelques découvertes fournissent des informations nouvelles sur
cette construction dont il n’existe aucun plan et dont des
vestiges sont régulièrement mis au jour. Le matériel archéologique
recueilli comprend surtout des tessons de céramiques.
Au XIXe siècle, en voulant élargir le chemin qui
passe entre la collégiale et l’emplacement de l’ancien château on a mis au jour
les substructions d’une tour ronde de 7 mètres de diamètre. En 1948, lors de la
construction du lycée, les entreprises de maçonnerie ont procédé à quelques
sondages préalables à l’aide de tranchées qui ont révélé d’importants remblais,
mais aucune trace de construction. C’est qu’en fait, l’établissement scolaire a
été édifié à l’emplacement de l’ancienne basse-cour. De 1991 à 2005, une
dizaine d’interventions archéologiques ont été réalisées sur la zone de la
ville médiévale. Elles ont toutes apporté de nouvelles informations
scientifiques, mais les vestiges du château et de la ville médiévale du XIe
siècle nous échappent encore totalement.
Nous nous proposons d’expliquer,
comment de nouveaux venus en Ile-de-France, issus de l’anarchie féodale des
premiers temps capétiens dans le Sénonais, vont s’établir légitimement dans
notre région grâce à l’appui du roi Robert II le Pieux : ils posséderont
provisoirement le castrum de Saint-Denis puis, définitivement, celui de
Montmorency, qui leur est propre, pour arriver à la création de la châtellenie
de Montmorency. Deux volontés complémentaires se conjugueront, l’une privée,
émanant de la famille des Montmorency, l’autre liée à la politique royale,
désirant s’assurer la protection du pourtour de sa capitale, Paris. Nous
suivrons la progression de cette famille, de Bouchard II le Barbu, installé à
l’aube du XIe siècle dans son castrum de Montmorency, jusqu’à
Mathieu Ier, promu connétable du roi Louis VII, au cours de la
première moitié du XIIe siècle.
Bouchard Ier, seigneur
de Bray-sur-Seine
Aux confins mal définis du comté
de Troyes et des duchés de France et de Bourgogne, dans cette région du
Sénonais, le bourg de Bray-sur-Seine, qui présente un intérêt stratégique de
première importance, est le fief de Bouchard Ier, gendre de Thibaut
Ier de Blois. Bouchard Ier meurt entre 959 et 968, peu
après avoir fondé à Bray-sur-Seine un prieuré dédié au Saint-Sauveur. Sa veuve,
Hildegarde et ses deux fils, Aubry et Bouchard, en sont chassés par Boson, un
descendant des vicomtes de Sens, soutenu par son cousin Thibaud le Tricheur,
comte de Blois et de Provins, et ennemi juré du duc de France, qui incendie le
bourg et reprend le château, situé sur une île de la Seine.
Bouchard II
Bouchard II s’en remet à son
seigneur Hugues Capet (987-996), petit-fils du roi Robert Ier
(922-923) et fils d’Hugues le Grand, et rejoint Paris pour vivre dans son
entourage immédiat. Hugues Capet lui confie la forteresse de l’Île-Saint-Denis
et lui donne la main d’Ildelinde, la châtelaine veuve de Basset. Il peut
dorénavant fonder une dynastie. Mais Bouchard se révélera un vassal
indiscipliné. Sur la rive droite de la Seine, faisant face à sa forteresse, se
dresse la puissante et richissime abbaye royale de Saint-Denis. Dès lors la forteresse change de fonction : après
avoir servi de poste avancé en cas d’attaque de Paris, elle se transforme en
base de départ pour les campagnes de pillage et de rançonnement sur certains
fiefs détenus par l’abbaye dans la région. La première péripétie de Bouchard se
termine donc par son expulsion de l’Île-Saint-Denis, sous l’impulsion de l’abbé
de Saint-Denis qui se plaint pour une énième fois au roi Robert II le Pieux
(996-1031). Le roi fait raser le château de Bouchard, situé sur l’Île du
Châtelier. Bouchard, que l’on surnomme à présent Bucardo Barbado (le Barbu),
est relégué « à environ trois lieues du château de Saint-Denis, près de la
fontaine Saint-Valéry », sur un promontoire rocheux qui commande l’accès
nord-ouest de Paris. Situé à l’extrémité orientale d’une colline couverte d’une
immense forêt, ce promontoire domine une large vallée marécageuse. Forêt,
promontoire et vallée portent le nom de Montmorency. Ce second exil se situe
entre 988 et 997. Bouchard II prend alors pour patronyme le nom de sa
terre : Montmorency. Tous les actes qu’il souscrira seront désormais
signés Buchardus Montmaurinciaco. Bouchard II et Ildelinde donnent naissance à
quatre fils : Bouchard, Eudes, Albéric et Foucaud. Albéric deviendra le
premier connétable des rois capétiens sous Henri Ier, en 1060, mais
c’est son frère aîné, Bouchard qui prend la succession de la châtellenie de
Montmorency.
Bouchard III
Jusqu’en 1044, date probable de sa
mort, il cosigne en tant que témoin une demi-douzaine d’actes royaux, qui
confirment des donations en faveur des abbayes de Coulombs, de Marmoutier,
d’Orléans et de Saint-Germain-des-Prés. Ses deux fils, Thibaud et Hervé, qui
lui succèdent, font preuve de la même fidélité.
Thibaud
Thibaud meurt entre 1071 et 1077.
Sans postérité, la châtellenie revient à son frère, Hervé de Marly qui, dès
lors, prend le nom d’Hervé de Montmorency.
Hervé, bouteiller de Philippe Ier
En 1075 et en 1079, Hervé cosigne
deux actes en tant que bouteiller du roi Philippe Ier (1060-1108). À cette
époque, le bouteiller a en charge l’administration des vignobles du domaine
royal. Marié à Agnès d’Eu, Hervé a quatre fils et une fille : Bouchard,
Geoffroy, Hervé de Deuil, Albéric et Havoise. Entre 1083 et 1086, il cède à son
fils aîné, Bouchard IV, la châtellenie de Montmorency et se retire à Marly, son
premier fief, où il fonde l’église Saint-Vigor en 1087.
Bouchard IV, seigneur de Conflans
C’est une affaire de succession
qui oppose, en 1081, Bouchard IV au comte de Beaumont, Mathieu Ier,
dont il a épousé la sœur, Agnès de Beaumont. Au nom de son épouse, dont le
père, Yves de Beaumont, a fondé le prieuré de Sainte-Honorine, Bouchard IV
revendique la part du domaine de Conflans qui lui revient. Devant le refus de
Mathieu Ier, Bouchard IV assiège Conflans, s’empare de la place
après avoir incendié et détruit le château, l’église Notre-Dame et le prieuré. Aussitôt la paix rétablie, Bouchard IV participe à la
reconstruction de l’église. Sa contribution se compose de la dîme du sel sur
son travers de Poissy, des droits sur les bateaux de vin et de sel de son
travers de Conflans et d’une rente prélevée sur son travers de Franconville. Il
ajoute à ces libéralités une charge d’âne quotidienne de bois de chauffage à
prendre dans sa forêt de Boissy. D’Agnès de Beaumont, Bouchard IV aura quatre
enfants : deux fils, Mathieu et Thibaud, et deux filles, Adlevie et Agnès.
Mais Agnès meurt et Bouchard IV se remarie avec Agnès de Pontoise dont il aura
deux fils, Hervé et Hermer. Lorsqu’en décembre 1099, Bouchard IV assiste aux
obsèques de sa belle-mère, Hahuis, l’épouse de Raoul II Déliés, seigneur de
Pontoise, au côté de Louis le Gros, roi désigné, l’amitié et la paix règnent
encore entre le roi et son vassal. Moins d’un an plus tard, ils se feront la
guerre. Sur la foi d’un diplôme de 1008 signé par Robert II, l’abbé Adam de
Saint-Denis confirme que Bouchard IV, comme ses aïeux depuis Bouchard II, doit
rendre foi et hommage à l’abbaye en tant que vassal, pour ses possessions de
l’Île-Saint-Denis, mais aussi pour l’ensemble de ses terres, dont Montmorency.
Au tout début de l’année 1101, Bouchard IV reçoit commandement de se présenter
à la cour, toutes affaires cessantes. Bouchard IV refuse de se soumettre. Comme
la coutume l’y autorise, il requiert la permission de se retirer sur ses
terres, de convoquer son ban et ses alliés, et de s’en remettre au jugement de
Dieu. Mathieu Ier de Beaumont, avec lequel il s’est réconcilié, et
Dreux de Mouchy se rangent à ses côtés. Quant au roi désigné, il rallie à sa cause
et à celle de l’abbaye dionysienne, Simon II le Jeune, seigneur de Montfort,
Robert II, comte de Flandre, et Adèle, comtesse de Blois et de Chartres. Le
prince Louis assiège le bourg de Montmorency. Les chroniqueurs divergent sur
l’issue du siège. L’abbé Suger, historien et ami de Louis VI, donne ce dernier
vainqueur. Pour Ordéric Vital, autre moine historien, la trahison de ses alliés
contraint Louis VI à une retraite peu glorieuse, au cours de laquelle il perd
deux prestigieux croisés, les chevaliers Raimbaud Creton et Richard de Lieux. Ainsi,
l’une des plus importantes guerres féodales qui ont marqué le début du règne de
Louis VI (1108-1137) a été déclenchée sur la foi d’un faux diplôme élaboré dans
le scriptorium d’une abbaye royale ! Aussitôt la paix rétablie entre le
roi et le seigneur de Montmorency, celui-ci se met au service de celui-là et
l’assiste en de nombreuses occasions. Lors de la guerre franco-normande de
1119, dans le Vexin, à la bataille de Brémule, il fait acte de bravoure avec Gui
de Clermont : « Ils taillèrent en pièces la première ligne des
Normands ». Le roi ne doit son salut qu’à la fuite. Quant à Bouchard IV,
il est finalement fait prisonnier par les troupes d’Henri Ier
Beauclerc. Cette infortune ne l’empêche pas de marier, sept ans plus tard, son
fils Mathieu Ier à Aline d’Angleterre, une fille naturelle d’Henri Ier
Beauclerc. Bouchard IV meurt vers 1134. Malgré la bravoure dont il a fait
preuve aux côtés du roi dans la seconde partie de sa vie, il n’accèdera pas aux
postes honorifiques. Son fils, par contre, bénéficiera d’une telle
reconnaissance.
Mathieu Ier, connétable
de Louis VII
En 1126, Mathieu Ier
épouse Aline d’Angleterre, dont il a cinq fils. L’aîné, Henri, meurt avant son
père. La seigneurie de Montmorency revient au puîné, Bouchard V. Thibaud reçoit
en partage la seigneurie de Marly, puis la transmet à son frère cadet, Mathieu,
lorsqu’il se fait moine à l’abbaye familiale de Notre-Dame-du-Val. En devenant seigneur d’une des plus importantes
dépendances de la châtellenie de Montmorency, Mathieu Ier de Marly
fonde la branche des Montmorency-Marly. Quant à Hervé, il rejoindra très jeune
l’évêché de Paris, dont son père demeure le premier vassal. Sans qu’aucun
exploit guerrier particulièrement remarquable ne vienne justifier cette
nomination, Louis VII (1137-1180) confie à Mathieu Ier la charge de
connétable dès son accession au trône. Dès lors, l’ascension de Mathieu Ier
ne fait que se confirmer. Veuf d’Aline d’Angleterre, il épouse en 1141 Adélaïde
de Savoie, elle-même veuve de Louis VI. Mathieu Ier devient donc
beau-père du roi Louis VII. Lors de l’assemblée d’Etampes, en 1146, qui décide
de la participation du roi à la deuxième croisade et qui établit en son absence
l’organisation administrative du royaume, l’abbé Suger, la reine Adélaïde,
Galeran II, comte de Vermandois, et Mathieu Ier forment le conseil
de régence. Au retour du roi, en 1149, Mathieu Ier reprend sa place
auprès de lui et l’accompagne dans nombre de ses déplacements. À la mort de
Mathieu Ier, en 1160, la châtellenie de Montmorency est devenue une
importante seigneurie. Son titulaire revendiquera le titre de baron, voire même
celui de Premier baron de France. Il faudra cependant attendre la fin du XIVe
siècle pour que la châtellenie prenne définitivement la dénomination de baronnie.
Conclusion sur l’établissement de
la châtellenie de Montmorency à la période médiévale
Définitivement établie dans son
ressort au XIVe siècle, la châtellenie de Montmorency doit sa
constitution à la conjonction de deux volontés complémentaires, dont l’une,
privée, émane de la famille de Montmorency. Nouveaux venus en Ile-de-France,
Bouchard II le Barbu n’est pas un personnage neuf, issu de l’anarchie féodale
des premiers temps capétiens. Noble par ses ancêtres, il ne peut asseoir et
développer cette qualité que par la possession du castrum de Montmorency, dont
il a été investi légitimement par Robert II le Pieux (996-1031). Le château est l’élément primordial constitutif du
détroit sur lequel les Bouchard ont étendu leur suzeraineté. Il est gage de
protection, point stratégique et économique. Il draine vers ses possesseurs les
fidélités de chevaliers alleutiers, ou déjà soumis à un seigneur dont la
position géographique n’offrait pas les mêmes sécurités. C’est ainsi que la
famille Le Bel de Villiers, maîtresse de la région au temps des premiers
Bouchard, perd ses vassaux à leur profit jusqu’à entrer dans leur dépendance. La
seconde volonté est liée à la politique royale, désireuse de s’assurer le
pourtour de sa ville, où étaient centralisés ses moyens d’action : Louis
VI (1108-1137) a pacifié la région, Philippe II Auguste (1179-1223) l’organise
à des fins stratégiques et administratives. Les divisions féodales établies par
les maîtres d’un château servent son plan : il les affermit, les modifie
au besoin en fonction de ses intérêts. Mais en les récupérant, il les entérine.
C’est ainsi que les châtellenies de la région parisienne revêtent ce caractère
spécifique d’être de création castrale et familiale, mais de conservation et
d’utilité administrative royales. La proximité de Paris entraîne d’autres
conséquences sur le devenir de la châtellenie de Montmorency, plus
particulièrement sur la vie de ses campagnes : les grandes abbayes
parisiennes, richement possessionnées dans la région du fait de multiples dons
royaux et seigneuriaux, participent grandement à sa mise en valeur, et ce d’autant
que les débouchés se prêtent à l’écoulement d’une récolte abondante. Pays de
routes vitales pour le ravitaillement de Paris, la châtellenie de Montmorency
est particulièrement attentive au renouveau des échanges, aux accroissements
des terres cultivables. Le XIIIe siècle témoigne d’une intense
activité agricole, d’un peuplement abondant et d’une relative amélioration des
conditions de vie paysanne. Pour cette même époque, le monde seigneurial
n’offre pas les mêmes caractéristiques : appauvri par les partages
successoraux, les donations pieuses, les accensements systématiques qui le
réduisent à des dépenses constantes à l’aide d’une monnaie dévaluée, il voit la
disparition de nombreux lignages, vite remplacés par les premiers
investisseurs, bourgeois de Paris. Bien que peu pourvus de domaine strictement
foncier, parfois même en butte à des difficultés budgétaires, les seigneurs de
Montmorency sont cependant protégés de l’appauvrissement par les contraintes
lignagères et surtout par le fait que leur position de châtelain ne repose pas
sur une supériorité foncière, mais sur une capacité d’exercice de droits
suzerains, sur une étroite ramification de liens vassaliques qui convergent
tous vers leur personne. La châtellenie se révèle un cadre propice pour les liens
d’homme à homme. Deux niveaux sont à considérer, qui font mieux ressortir la
prédominance de l’un sur l’autre : la dépendance personnelle, qui lie les
tenanciers à leur seigneur foncier, cède le pas à la dépendance suzeraine.
Cette force de la suzeraineté au détriment du foncier explique comment les
sires de Montmorency ont pu maintenir, sur un territoire infiniment morcelé du
point de vue de l’occupation des terres et de l’inégalité des fortunes, une
emprise totale, qui leur a assuré au sein de l’Ile-de-France une incontestable
position de grands féodaux. D’autres études ayant trait à la formation, aux
articulations des châtellenies parisiennes permettraient, à l’aide de
l’histoire comparée, de généraliser ou non cette appréciation sur l’importance
du pouvoir suzerain détenu par le châtelain.
Texte rédigé par Gérard DUCOEUR, président de la SHAAP
L’antique château fort
n’étant plus au goût des successeurs de Bouchard le Barbu,
ceux-ci, dès le XVe siècle, choisirent d’habiter des châteaux
plus confortables, Chantilly, puis Ecouen et ont ainsi abandonné la
forteresse de leur origine qui tomba en ruine. Seules 2 tours se
maintinrent en place jusqu’au XVIIIe siècle. Le centre ancien
est cependant toujours dominé par l’ancienne motte féodale
bien délimitée par les rues de l’Eglise, de la Charrette, la
place-au-Pain, la rue Saint-Victor et la rue
Saint-Martin.
Aquarelle début XVIIIe s. (v.1708)
Situation Milieu XIXe s.
HISTOIRE
Montmorency occupe un site remarquable. Située sur un promontoire,
notre ville domine au sud la vallée dite de Montmorency et, au nord, la
Plaine de France. Cette situation fait que Montmorency a
constitué – sans doute depuis des temps fort reculés –
un lieu d’observation et un point stratégique important pour
toute cette région peuplée depuis des millénaires. Il est
établi de façon certaine que celle-ci voyait le passage de
populations nomades bien avant la période du néolithique, comme en
témoignent les nombreuses découvertes d’outils en grès taillé
faites dans plusieurs sites de la forêt de Montmorency. Cette
industrie préhistorique a reçu le nom de
"Montmorencien".
Au début du Xe siècle, ce point
défensif fut confié à Bouchard le Barbu – petit baron établi
dans l’île Saint-Denis qui tirait l’essentiel de ses
revenus des droits de péage qu’il imposait aux bateliers
naviguant sur la Seine. Ses descendants prirent par la suite le nom de Montmorency puis le
titre de « Premiers barons chrétiens ». Commence alors la longue histoire d’une célèbre lignée ;
celle des Montmorency. Cette famille ayant donné à la France 6
connétables, 12 maréchaux et 4 amiraux, fut l’une des plus illustres de
notre histoire.
Les armes de la Ville sont celles
que portaient les membres de la famille de Montmorency : «
d’or à la croix de gueules cantonnée de seize alérions
d’azur ». En héraldique, gueules est la couleur rouge et
l’alérion est une petite aigle – féminin en héraldique
– sans bec ni pattes. Ces armoiries étaient souvent
accompagnées de la devise « aplanos » qui signifie en grec « sans
dévier ».
L’histoire de ces armes commencerait en 978, Bouchard Ier,
baron de Montmorency, repoussa l’Empereur d’Allemagne
Othon II. Suite à cette victoire, il aurait pris pour armes 4
alérions d’azur. Le 27 juillet 1214, lors de la bataille de
Bouvines, Mathieu II de Montmorency se distingue par sa bravoure et
enlève 12 bannières à l’ennemi, ce qui lui permit
d’ajouter 12 alérions à son blason. La croix rouge aurait été
tracée par le roi Philippe-Auguste avec le sang de Mathieu II,
blessé au cours de la bataille.
Texte rédigé d'après l'ouvrage : "Connaître et aimer Montmorency"
de R. Biais – G et G. Dornier (Editions du Valhermeil)